LE CHATEAU, COUR D'HONNEUR ET ALLEE CAVALIERE

LE CHÂTEAU

Ancien fief médiéval dont l’existence est attestée dès le XIIe siècle, le château actuel - entouré de douves aujourd’hui asséchées - est édifié vers 1640 pour Louis Yardin, gentilhomme de la chambre du roi et gouverneur de la ville de Bar-sur-Aube. 

En 1697, Nicolas Yardin le vend à Jacques De Lux de Ventelet, lieutenant colonel de cavalerie. La famille De Lux de Ventelet restera à la tête du domaine pendant 121 ans, jusqu'à la mort de Charles Jean Marie De Lux, le 10 décembre 1818. Ce dernier a fait d'Eulalie Rosalie Magnyer de Gondreville, la femme dont il est épris, sa légataire universelle. Devenue propriétaire d'Ailleville c'est elle qui, selon toutes probabilités, va modifier la physionomie des extérieurs du château, en faisant aménager un parc " à l'anglaise " dont le tracé est clairement visible sur le plan du cadastre napoléonien. 

Le 25 mai 1833, elle vend le domaine à Ambroise Poignée, négociant, qui deviendra également maire de la commune d'Ailleville. Cet homme de goût, passionné d'histoire
antique et moderne, possède une fortune conséquente. Pendant 38 ans, il va s'attacher à
enrichir les intérieurs du château et à entretenir le parc. C'est très probablement lui qui est le commanditaire d'élégants décors peints - toujours en place aujourd’hui - ornant les murs de deux pièces du rez-de-chaussée. 

A la suite d'Ambroise Poignée, plusieurs propriétaires vont se succéder sans apporter de
changements majeurs au domaine. 

Depuis 2021, l'association "Château d'Ailleville" s'attache à redonner vie à ce domaine séculaire. 

LA COUR D'HONNEUR 

 

Dissimulée en partie par l'ensemble architectural de plan en U que forment  les Communs, la cour d'honneur du château  est accessible après avoir franchi le portail d'entrée situé dans l'axe de l'ancienne allée cavalière. Derrière la grille, encadrée de deux imposants pilastres surmontés de pots à feu, se déploie alors une élégante composition paysagère, constituée d'un médaillon central enherbé bordé de tilleuls et ceinturé par une allée, elle-même plantée de tilleuls. 
Hérité de la première moitié du XIXe siècle, comme en témoigne le cadastre napoléonien de 1836, cet agencement paysager s'inscrit dans la mouvance esthétique des jardins romantiques, dits "à l'anglaise". En effet, contrairement au tracé rectiligne de l'allée cavalière, les lignes sont ici souples et arrondies. Pas de perspective axiale en direction de la façade du château, mais au contraire des vues latérales cadrées par les sujets arborés au fil de la progression sur le chemin. Cette mise en scène de l'arrivée au château est probablement l’oeuvre d'Eulalie Rosalie Magnyer de Gondreville, propriétaire du château entre 1820 et 1833. 

Si la date exacte d'aménagement des premiers bâtiments des Communs - en particulier 

du pigeonnier - n'est pas connue, on peut supposer qu'elle fut concomitante à celle de la construction du château actuel, au XVIIe siècle. En tout état de cause, les archives attestent de leur présence au XVIIIe siècle, puis de leur destruction partielle lors des batailles de la Campagne de France menée par Nicolas Charles Oudinot, maréchal d’Empire en 1814 et 1815. Les bâtiments furent néanmoins reconstruits dans les années qui suivirent, comme en atteste un document de 1833 mentionnant la présence des éléments suivants : une chambre à four, une orangerie, une remise, une bergerie, une fontaine, une vinée, deux greniers à grains, une étable à vaches, deux grandes écuries voûtées avec chambre de domestiques, grange, colombier et bâtiments de basse-cour. 

L'ALLEE CAVALIERE

 

Originellement, une longue allée cavalière reliait l'actuelle route nationale à l'entrée 

du château. Cette voie d'accès rectiligne avec ses arbres plantés en alignement annonçait, tout en le renforçant, le caractère prestigieux de la demeure. Tout comme aujourd’hui, l'allée était interrompue au niveau de l'entrée du château par la rue Saint-Nicolas. Bien que cette allée cavalière ne puisse plus être empruntée par les visiteurs, elle est toujours en place et visible depuis la rue Saint-Nicolas.